On est toujours plus que ce que l’on est
Un titre un peu alambiqué pour parler d’un sujet qui me passionne. On est toujours plus que ce que l’on est… ou : on n’est jamais que qui on est. Bref, nous sommes beaucoup plus !
En résumé : Comment la façon dont nous nous définissons à un impact sur qui nous sommes et sur ce que nous faisons ?
On se raconte des histoires sur soi, et on les raconte aux autres. Il y a des histoires qui nous sont utiles et bénéfiques comme : « je suis quelqu’un d’optimiste », « je suis quelqu’un d’attentionné ». Mais il y en a qui nous sont dommageables, comme « je suis quelqu’un de désorganisé », « je ne sais pas gérer mes émotions », « je suis très timide ».
Comment le récit de notre identité façonne notre personnalité ? Comment en changeant ce récit nous pouvons changer notre perception de nous-même et donc notre représentation au monde ?
Récemment, je me suis certifiée au coaching professionnel. Dans le cadre de cette certification, j’ai intégré un groupe de pairs pendant onze mois. Comme il s’agit d’un parcours aussi de développement de soi, j’ai pris la décision de me présenter différemment dans ce groupe que ce que je dis de moi d’habitude. En faisant cela, les autres m’ont renvoyé qu’ils voyaient en moi une personne très extravertie (je me suis toujours plutôt perçue comme introvertie), très rapide (dans ma famille, je suis bien plus lente que la plupart de mes proches), solaire (on m’a souvent dit que j’étais une râleuse), et avec du leadership (je suis persuadée que je n’ai aucune capacité de leadership). Je me suis révélée différemment au sein de ce groupe. En m’étant présentée comme quelqu’un d’optimiste et de joyeuse, je l’ai incarné tout au long du parcours. Et cette partie de moi n’est pas plus fausse ni plus vraie que les autres. Elle est différente. Mais là où ça devient intéressant, c’est que me percevoir ainsi et être perçue comme telle m’a permis de visiter en moi un espace, un lieu, qui s’appelle « confiance en soi » et qui révèle mes talents.
« Le matin, on met environ une minute trente entre le moment où on ouvre notre penderie pour regarder toutes les possibilités qui s’offrent à nous pour choisir à quoi on va ressembler aujourd’hui. On sait très bien que si on s’habille en costume ou en short et en tongs, on ne va pas refléter la même chose, qu’on va influencer les gens qui vont nous voir et qu’on va s’influencer nous-mêmes. Alors imaginez qu’à coté de votre penderie habituelle, réelle, il y ait une penderie virtuelle, imaginaire, mentale. On l’ouvrirait et il y aurait toutes les possibilités de nous-mêmes. Tous nos masques possibles. On pourrait les regarder et se demander : « de quoi on a besoin aujourd’hui ? A quoi on va ressembler émotionnellement ? » - Kevin Finel, Tedx -
La personnalité vient du grec « persona » qui veut dire le masque. La personnalité c’est donc le masque que l’on porte pour vivre en société et dans notre réalité. Ce masque, si nous avons l’impression de le subir et de ne pas l’avoir choisi à la naissance, nous le choisissons finalement tous les jours. D’ailleurs il faudrait parler des masques et non pas du masque. Car nous avons de multiples facettes de personnalité : nous pouvons être tendre parfois et ferme d’autres fois, nous pouvons être déterminé certains jours et détaché d’autres jours, nous pouvons être suiveur une fois et leader la prochaine. Nous n’avons pas un masque seul et unique. Alors rendons-nous libre de nous réinventer chaque jour. Changeons l’histoire qu’on se raconte à soi-même pour changer celle que vous racontez aux autres.
Prenez conscience des étiquettes qui vous collent à la peau : celles qu’on vous a collées, celles que vous vous êtes vous-même collées, celles qui mériteraient d’être décollées.
Les « étiquettes » sont très présentes en famille notamment : « lui c’est le clown de service », « elle, ça a toujours été la princesse du royaume », « elle, une vraie râleuse ! », « lui toujours dans la lune »… Vous rendez-vous compte de combien ces étiquettes, ces raccourcis, nous enferment et nous limitent dans l’expression de notre multiplicité identitaire personnelle ? Par exemple, dans ma famille, il y a une histoire qui se raconte depuis longtemps à mon propos (qui me fait rire par ailleurs) : une photo de classe de maternelle, tous les enfants assis sur le banc, sauf moi assis sur un pouf à côté. « Camille sur le pouf » est devenue une phrase qu’on me dit dès que je raconte une histoire dans laquelle j’ai le rôle de victime. Ce raccourci de moi m’enferme dans ce que je pourrais exprimer d’autre de ma personnalité : quelqu’un d’assertif, de déterminé, d’optimiste.
Récemment j’ai aussi pris l’habitude de me qualifier comme quelqu’un de très sensible. Je peux vite avoir les larmes aux yeux quand on me dit quelque chose qui me touche par exemple. Cette définition de moi est vraie… mais seulement en partie. Il y a des fois où je peux me montrer moins affectée, plus rationnelle, voire détachée. Avoir en tête que je ne suis pas QUE « très sensible » me permet de l’être seulement quand c’est utile et pertinent pour moi.
Autre exemple. J’ai une amie qui me dit souvent qu’elle n’a aucune empathie pour ce que vive les autres. J’ai pu observer que parfois c’est vrai, les histoires des autres ne vont pas la toucher autant que cela toucherait quelqu’un qui ressent naturellement beaucoup d’empathie. Pour autant quand il s’agit des gens très proches d’elle et qu’elle aime, j’ai pu voir qu’elle se montre très empathique, sincèrement affectée et très attentive à ce qu’il se passe pour eux. C’est ce qu’elle fait en ce moment avec moi.
Si je pense que je suis quelqu’un qui ne sait pas gérer sa colère et qui parle de manière agressive, même si cela peut être le cas parfois, ça me limite dans ce que je peux exprimer d’autre car ça dupe mon cerveau sur ce qu’il entend de moi. Oui, nous le savons (surtout si vous avez lu mes précédents articles), notre cerveau aligne nos comportements et actions sur mes perceptions et émotions. Ainsi si je pense que je suis comme cela, alors je vais me comporter ainsi pour confirmer ma croyance… et donc je ne suis pas libre d’exprimer mes multiples facettes. « Je suis une personne colérique »… alors la prochaine fois que quelque chose me contrarie je vais automatiquement me mettre en colère, car c’est comme cela que mon cerveau me connait et que les autres me connaissent. Je pourrais aussi me dire « Il y a certains sujets qui me mettent vite en colère, mais d’autres sur lesquels je peux faire preuve de tempérance. » Alors tout change.
C’est ce que racontent Les Pratiques Narratives (un cadre de référence que nous utilisons dans le coaching et l’accompagnement). Nous avons des histoires « dominantes », « préférées » dans le récit de notre identité… qui peuvent nous aider, nous libérer… ou nous étouffer, nous engluer. Nous sommes ce que l’on dit de nous.
Aujourd’hui, à la question : « Suis-je une personne optimiste ? », je répondrai : « Je suis plusieurs chez moi. Je suis nomade en moi-même. L’essentiel est : « que me permet le fait de penser que je le suis ? » ».
Et vous, que diriez-vous de vous aujourd’hui si tout était possible ?
- Camille Lamouille -
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