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Courir pour survivre !


"Faut qu'je marche

Parce que j'comprends quand je marche

Faut qu'je marche

Parce que j'apprends quand je marche

Faut qu'je marche

Parce que je pense quand je marche

Parce que j'avance quand je marche

Parce que je rêve quand je marche"

Ben Mazue - Quand je marche


Quais du Rhône, un mercredi après-midi par beau temps, deux étudiants de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) tentent - en vain! - d’arrêter des joggeurs afin de leur poser quelques questions pour une enquête qu’ils réalisent. C’est la journée mondiale de la gentillesse (3 novembre) alors je décide de mettre en pause mon jogging pour leur répondre (c’est vrai qu’il est dur de redémarrer si l’on s’arrête... mais il faut bien être un peu gentil ! ;) ). L’un d’eux me pose sa « dernière question » : « Pourquoi la course ? » Je me prends à lui répondre avec une spontanéité induite par l’état de fatigue et d’essoufflement dans lequel j’étais : « Pour vivre ! ».


J’ai démarré la course fin septembre par 4 km et j’ai réalisé aujourd’hui 13 km. Ce que je voyais il y a quelques mois comme un des sports les plus ennuyants de tous est devenu aujourd’hui une échappatoire, un objectif, un défi, une soupape, une bouée de sauvetage pour ma santé mentale, mon anxiété, ma régulation des émotions, mes ruminations, mes agacements, ma tristesse. Vivant une période un peu difficile depuis quelques mois, je voyais le médecin qui, en me prescrivant des anxiolytiques, me dit « le jour où vous n’arriverez plus à courir, nous parlerons d’antidépresseurs. » Alors tous les deux jours, quand la motivation de sortir courir dans le froid s’estompe, je me souviens que le jogging est mon médicament, et j’enfile mes chaussures !


Plus globalement que la course, je veux vous parler aujourd’hui du sport et de l’activité physique comme support de santé mentale.


Le sport, un médicament à part entière dans la lutte contre la maladie



Le sport a certains effets chimiques comparables à ceux des anti-dépresseurs. Il n’est plus à démontrer que le sport est un élément essentiel de la guérison, que ce soit de dépression, mais également de cancer[1], du sida[2], alzeihmer [3], des effets de la chimiothérapie, de l’anxiété chronique. Pratiquer une activité physique régulière c’est diminuer le risque de développer des pathologies cardiovasculaires, de l’obésité, du diabète, des cancers, et c’est augmenter sa longévité.


« En 2015, des scientifiques suédois (…) ont demandé à 946 patients atteints de dépression légère ou modérée de suivre l’un des trois programmes de 12 semaines suivants : soit trois séances de yoga, d’activité physique ou d’entraînement musculaire par semaine ; soit une thérapie comportementale et cognitive (TCC) ; soit une prise en charge classique – consultations et antidépresseurs. Tous les patients se sont sentis mieux et ont vu leurs symptômes diminuer après leur traitement, mais ceux pratiquant des activités sportives ont obtenu de meilleurs résultats que les autres, suivis de près par les sujets traités par TCC et loin devant ceux ayant bénéficié d’une prise en charge standard. »[4]


L’activité physique (marche, danse, yoga, course, vélo, gym…), pratiquée 3 fois par semaine pendant 30 minutes minimum durant 7 semaines, a des effets anti-dépresseurs extrêmement puissants. Le sport augmente la quantité de sérotonine (hormone anti-stress et régulatrice de l’humeur, notamment présente dans les anti-dépresseurs), de neuroadrénaline (neurotransmetteur influant sur la mémoire, l'attention et l'apprentissage notamment), d’endorphine (contrôle de la douleur) et de dopamine (hormone de la motivation et du plaisir). La dépression quant à elle se traduit par des taux très bas de ces dernières.


Le sport, un booster du bien-être psychologique


Au-delà de participer à la lutte contre la maladie, le sport est également un booster de santé mentale. Selon les recherches en Psychologie Positive[5], le sport régulier développe la plasticité cérébrale et donc les facultés d’apprentissage, la mémoire, la créativité, l’attention ; il augmente également les niveaux d’affects positifs (vécu d’émotions agréables comme la joie, la gratitude, la fierté, l'intérêt, l’amour…), la coopération en entreprise, la motivation et l’engagement des collaborateurs ainsi que la performance globale au travail. Il réduit les accidents du travail, les arrêts maladie, l’absentéisme et le turn-over. La pratique de l’activité physique contribue en grande partie à renforcer l’estime de soi, une meilleure perception de soi et un sentiment d’efficacité personnelle accru (lire l’article sur le SEP et la confiance en soi ici).


Fort de toutes ces recherches, comment expliquer qu’encore 4 français sur 10 ne pratique aucune activité sportive ? (j’en ai fait partie bien souvent de ces 4/10 et en referai surement partie quelques fois, loin de moi l'idée d'être moralisatrice). Car trop souvent nous faisons du sport pour atteindre des objectifs que nous (ou les autres) nous imposons : perte de poids, injonction sociale, regard des autres…


Nous savons des travaux de Psychologie Positive[6] que la motivation est efficace seulement si elle provient de facteurs intrinsèques (autonomie, maitrise, finalité, relations à autrui) plutôt qu’extrinsèques. Ainsi cherchez les ingrédients de votre motivation intrinsèque (par exemple : défi, état d’esprit d’apprentissage, sens, valeurs, proximité relationnelle…) et démarrez une activité physique par envie et plaisir plutôt que par devoir (« je choisis » plutôt que « je dois »). Et : Oui, sortir faire le tour du pâté de maison à pied est une activité physique ! Vous commencez demain ?


Prenez soin de votre santé mentale en vous reconnectant à votre corps. Et c’est encore mieux si vous pouvez coupler le sport avec un accompagnement thérapeutique régulier. Je glisse ça en passant…


Mon prochain objectif : le semi-marathon ! C’est beau de rêver non ?


"Quand t'as le désert à traverser, y a rien à faire, sauf d'avancer" - Orelsan


L'ancre ⚓️ en courant - Lyon



- Camille Lamouille -


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Témoignez pour notre recueil qui sera publié : "Au bonheur des gens".


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[1] Mutrie, Campbell, Whyte, McConnachie, Emslie, & Lee 2007 [2] Arey & Beal, 2002


[4] « Le sport contre la dépresssion », Cerveau & Psycho, n°86, 17 février 2017


[5] Ratey, 2008


[6] La vérité sur ce qui nous motive, Daniel Pink, 2016, ed. Clés des champs




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